Lu « Tristesse de la terre », d’Éric Vuillard (Actes Sud, 2014, également disponible en poche Babel).
Un petit livre superbement écrit qui relate un pan abject de l’Histoire américaine, à la fois dans le champ de la réalité et dans celui de la violence symbolique:
– d’abord le massacre de « Wounded Knee », en 1890, dans lequel environ 300 Indiens Sioux de la tribu des Lakotas (dont plus de 60 femmes et enfants) furent d’abord mitraillés puis méthodiquement décimés au canon par l’armée des États-Unis, après avoir pourtant accepté d’être désarmés;
– puis, moins directement sanglante mais non moins terrible, la réécriture qui fut faite dans la chronique officielle de ce massacre (requalifié de « bataille », comme si deux troupes s’étaient affrontées à la loyale et que les Indiens ne s’étaient finalement inclinés que du fait de la bravoure des soldats américains);
– enfin, cette ironie cruelle qui fit que les Indiens rescapés, privés de leurs ressources antérieures, ne trouvaient parfois à s’employer que comme figurants dans le funeste « Wild West Show » de William Cody, dit « Buffalo Bill », où ils en étaient réduits à participer, comme figurants ou vendeurs de colifichets, à la falsification de l’Histoire véhiculée par ce spectacle…