Divertimento

Vu au cinéma Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar, avec Oulaya Amamra, Lina El Arabi, Niels Arestrup

Résumé:
À 17 ans, Zahia Ziouani rêve de devenir cheffe d’orchestre. Sa sœur jumelle, Fettouma, violoncelliste professionnelle. Bercées depuis leur plus tendre enfance par la musique symphonique classique, elles souhaitent à leur tour la rendre accessible à tous et dans tous les territoires. Alors comment peut-on accomplir ces rêves si ambitieux en 1995 quand on est une femme, d’origine algérienne et qu’on vient de Seine-Saint-Denis? Avec détermination, passion, courage et surtout le projet incroyable de créer leur propre orchestre.

Mon avis:
Un joli film sur la réussite d’une jeune aspirante cheffe d’orchestre et de sa soeur instrumentiste pour accomplir leur rêve, en dépit des obstacles dus à leurs origines sociales.

Le film avance dangereusement sur la crête épineuse du film didactique empli de bons sentiments, dans la veine des œuvres précédentes de la réalisatrice, comme Le ciel attendra (2016) que j’avais déjà chroniqué ici.
Cependant, il échappe cette fois-ci à ce travers grâce à la présence incroyable de l’actrice Oulaya Amamra (déjà repérée chez Philippe Garrel dans Le Sel des larmes), qui campe le personnage – aussi bien ses doutes que sa force de conviction – avec beaucoup de justesse. Elle parvient notamment à faire cohabiter les musicien.ne.s de son école parisienne huppée, initialement dédaigneux de son talent et de son style instinctif, avec celles et ceux de son conservatoire d’origine à Stains, ce qui donne lieu à des moments assez drôles.
Le duo qu’Oulaya forme avec l’immense Niels Arestrup (en vieux maître aigri qui, après avoir vu de quoi elle était capable, décide finalement de soutenir la jeune femme) est très attachant, sans oublier Lina El Arabi  qui interprète efficacement la sœur de Zahia, soutien à la fois discret et indéfectible.

Il y a une autre grande force dans le film, c’est de parvenir à nous faire ressentir les émotions du personnage par rapport à la direction d’orchestre. On sait à quel point ces émotions sont difficiles à transmettre au moyen de la littérature ou du cinéma, mais ici nous sommes invités à partager le ressenti de Zahia, qui trouve dans son quotidien le plus banal (comme par exemple le bruit métallique d’une  canalisation qui claque en rythme) une source d’inspiration pour sa musique.
Un petit bémol toutefois: le personnage du père, très bien interprété par Zinedine Soualem mais écrit de manière un peu caricaturale – sur le thème « on va être mille fois plus exemplaires que tout le monde dans la droiture et la ponctualité » –  trait de caractère trop vu dans les films montrant des personnages d’immigrés. Eh quoi, s’il était informel et bordélique comme moi, sa fille n’aurait pas pu devenir cheffe?  

Mais ce détail  n’enlève rien au fait que c’est un joli petit film plein de sensibilité, dont on ressort avec le sourire.

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