Vu au cinéma Chanson douce, film de Lucie Borleteau, sur un scénario de la réalisatrice en collaboration avec Jeremy Elkaïm et Maïwenn, interprétation Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz…
Le film est adapté du roman homonyme de Leila Slimani, que j’avais chroniqué ici même à sa sortie et plutôt apprécié.
Comme souvent avec les adaptations de livres que j’ai lus avant de voir le film, je suis très sceptique sur le résultat. Je trouve que les adaptations les plus réussies sont celles où les créateurs du film s’éloignent de la trame du roman pour tenter d’en restituer l’essence sous une forme purement visuelle. C’est aussi parce qu’il est impossible en une heure trente de rendre la densité analytique d ‘un roman (et encore moins de Chanson douce qui se caractérisait justement par la profondeur de l’analyse psychologique).
Or ici, le scénario semble être une illustration très fidèle, pour ne pas dire laborieuse, du roman – du moins du souvenir que j’en ai. Il y a bien un travail sur les nombreux signes de déréglement dans la personnalité de la « nounou modèle » mais peu de choses au fond qui mettent en lumière les raisons de cette dérive, visiblement entamée bien avant l’arrivée de la nourrice dans ce foyer. Du coup le dénouement apparaît davantage comme un acte irrationnel que comme l’aboutissement d’un cheminement destructeur.
Karin Viard n’est pas en cause, qui livre une Louise inquiétante à souhait, toujours sur la crète entre perfectionnisme maniaque et folie douce. A mon sens c’est plutôt la légèreté des adaptateurs qui en voulant jouer sur les effets de type « film d’horreur » plutôt que de détailler les ressorts, ont appauvri considérablement le propos.