Zawaya

Vue au théâtre* « Zawaya, Témoignages de la Révolution », une pièce de Hassan El Geretly, interprétée par sa troupe égyptienne (Arfa Abdelrasoul, Seif El Aswany, Dahlia Al Gendy, Hassan Abou Al Rous, Ahmed Choukry).

L’argument de la pièce:
« Un voyou à la solde du pouvoir, un officier, la mère d’un martyr, un supporter de football, une visiteuse d’hôpital. Cinq personnages, cinq archétypes, tous témoins et acteurs de l’hiver 2011 sur la Place Tahrir du Caire. Ils vont dire la part personnelle prise durant les jours qui ont bouleversé la vie politique égyptienne et amené la chute du président Hosni Moubarak. »

Mon avis:
Pour ces témoignages, le metteur en scène Hassan El Geretly propose un dispositif simple: les témoins, tous assis au fond de la scène, s’avancent tour à tour pour prendre place sur la chaise située au premier plan et livrer leur témoignage. Chaque intervention est encadrée par des chansons joliment interprétées au oud par Yasser El Magrabi.
Ce dépouillement délibéré donne une force particulière à la parole de chacun, énoncée avec expressivité dans un égyptien dialectal (la pièce est également surtitrée en français) très naturel et imagé, par exemple celui des supporters de foot ou de la délinquance.
Dans un entretien, le metteur en scène indique que, contrairement à d’autres formules qu’il a également expérimentées, les acteurs – tous remarquables – ont eu à interpréter les rôles de vrais témoins qu’ils avaient eu l’occasion de rencontrer.

Cette impression de réalité trouve son paroxysme dans le témoignage final, celui de la mère de martyr, tout de noir vêtue de la gallabieh au higab (jouée par Arfa Abdelrasoul), qui à la fin de son émouvante prestation, se lève et, au lieu de regagner sa place comme tout le monde s’y attend, se dirige droit vers le public pour distribuer aux spectateurs des premiers rangs la photo de « son fils », victime des balles de la police…
Un beau spectacle qui rappelle hélas que ces martyrs de la Révolution n’ont pas obtenu justice, mais aussi la remarquable union qui s’est créée pour l’occasion entre des composantes très disparates de la société égyptienne….

* L’excellent théâtre du Tarmac (la scène internationale francophone) qui proposait du 11 au 28 mars une très belle programmation intitulée « (D)rôles de printemps ».

Copyright Khaled Osman (mars 2015)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *