Hier, j’arrive au salon de L’Haÿ-les-roses, pour découvrir que les exemplaires de mon roman, eux, ne le sont pas (arrivés). L’organisatrice, très courtoise, se répand en excuses, assume pleinement la responsabilité de ce manquement dont elle refuse de rejeter la faute sur tout autre qu’elle. Je suis d’autant plus ennuyé qu’un « café littéraire » est prévu avec moi quelques heures plus tard – nous parlerions donc d’un livre que les lecteurs intéressés (le cas échéant) ne pourraient se faire ensuite dédicacer sur le salon.
Il y a bien une solution: faire un aller-retour chez moi pour y prendre mes exemplaires auteur… Arrivé à domicile, cependant, l’idée de retourner là-bas avec mes livres sous le bras m’apparaît soudain dérisoire; à la maison, mon jeune entourage ne… m’encourage pas plus que ça: « N’y va pas, c’est trop la honte! » 😉
Comme je rappelle l’organisatrice pour lui dire que je ne pense pas revenir, une phrase dans son propos m’interpelle: « Je vous comprends, bien sûr… c’est juste un peu dommage pour la bibliothécaire qui avait travaillé sur votre roman… »
Bref, j’y suis retourné, et je ne l’ai pas regretté. Car « l’air de rien », ladite bibliothécaire de L’Haÿ avait préparé très scrupuleusement cette rencontre. Elle a présenté le roman, résumant l’intrigue en prenant soin de ne pas révéler le dénouement, a su mettre en lumière les différentes dimensions du roman sans en manquer aucune, a fait part (de manière élogieuse mais là n’est pas mon propos) des émotions qu’elle avait ressenties à la lecture et qu’elle souhaitait partager avec l’assistance (clairsemée mais là n’est pas mon propos). Chacune de ses réflexions amenait une question pertinente. En un mot, on ne m’avait jamais parlé (et amené à parler) de mon roman comme ça. Respect.
Copyright Khaled Osman