Vu au cinéma « Une femme iranienne », un film de Negad Azarbayjani, avec Ghazal Shakeri, Shayesteh Irani, Homayoun Ershadi
Le synopsis:
« Bien que Rana soit une femme traditionnelle, elle est forcée de conduire un taxi à l’insu de sa famille pour rembourser la dette qui empêche son mari de sortir de prison. Par chance, elle rencontre la riche et rebelle Adineh, désespérément en attente d’un passeport pour quitter le pays et ainsi échapper à un mariage forcé. Les deux femmes vont s’aider mutuellement, mais Rana ignore qu’Adineh cache un lourd secret… »
Mon avis:
Le cinéma iranien nous a habitués à de belles surprises, et ce film-là en est une de taille.
D’abord parce que les femmes y jouent un rôle de premier plan: une productrice qui n’a pas froid aux yeux, une réalisatrice maîtrisant totalement la mise en scène de son premier film, deux actrices principales stupéfiantes.
Ensuite parce que le sujet est d’une audace sans précédent. Le lourd secret d’Adineh (on peut le dire puisqu’il nous est révélé dès les premières minutes du film), c’est qu’elle/il aspire à être un homme bien que née fille dans un foyer trop tôt privé de figure maternelle.
Sa rencontre avec Rana, femme « traditionnelle » contrainte de conduire un taxi pour subvenir aux dépenses du foyer après l’incarcération de son mari pour des dettes impayées, donne lieu à un road movie particulièrement émouvant.
Ces deux personnages dont le destin amène les routes à se croiser vont en effet apprendre à se découvrir tout au long d’un scénario parfaitement mené.
Au passage, on apprend que l’État iranien possède une législation plutôt libérale en matière d’opérations de changement de sexe, allant jusqu’à financer la moitié de l’intervention. En revanche, la société conservatrice n’accepte pas cette différence, qui heurte à la fois les conventions sociales et le dogme (islamique mais pas que?) du nécessaire marquage des sexes, caractérisé par l’aversion pour tout ce qui contribue à la confusion des genres.
Ce film qu’on suit avec les larmes aux yeux, émanant d’un pays dont les médias ne nous renvoient qu’une image totalement univoque de société emmurée, est poignant de bout en bout. C’est à la fois une véritable gifle à nos préjugés et un formidable message d’humanité…
Copyright Khaled Osman (mai 2015)