Non, décidément, ce pays est trop dangereux…
Après quelques jours passés en Égypte, je comprends finalement les réticences des touristes à se rendre dans ce pays. Ceux qui, n’écoutant que leur envie, décideraient d’y séjourner malgré tout, s’exposent en effet à de graves dangers. En voici quelques-uns:
– la sérénité pernicieuse engendrée par la contemplation des plages de sable blanc, des mers turquoise à perte de vue, des barrières de corail grouillant de poissons aux couleurs insolentes
– l’abus de boisson découlant d’une dégustation irraisonnée de jus de mangue ou de goyave, et les risques d’addiction causés par les mets cuisinés dans l’écume de beurre
– les perturbations provoquées par la découverte d’un pays à la fois ancré dans une Histoire dont les traces multi-millénaires sont visibles un peu partout, et résolument tourné vers l’avenir grâce à un bouillonnement sans précédent de projets de développement économique
– les rencontres subversives d’Égyptiens fiers de s’être, en moins de deux ans, dressés tour à tour contre un régime marqué par trente ans de corruption, puis contre un autre qui prétendait les assujettir au nom de sa vision maladive d’une religion dont ils connaissent mieux que personne les valeurs profondes
– surtout, le risque de recevoir une leçon de vie à chaque fois ou presque qu’ils croiseront des gens de la classe populaire, qui n’ont presque rien mais prendront néanmoins la peine de les accueillir avec hospitalité et de s’inquiéter de leur sort, là-bas en Europe.
Non, décidément, ce pays est trop dangereux…
Copyright Khaled Osman (août 2014)