En ce 21 mars (où la Fête des Mères est célébrée dans tout le monde arabe) 2015, j’offre à ma mère et à toutes les mères ce petit extrait:
« [Après s’être incarnée dans l’attachement viscéral à la terre, la Palestine a revêtu pour lui le visage de ces femmes magnifiques]. Pour elles il aurait voulu, afin de leur témoigner son attachement, emprunter les mots tressés par le poète des poètes palestiniens:
Fais de moi, si je rentre un jour,
Une ombrelle pour tes paupières.
Recouvre mes os de cette herbe
Baptisée sous tes talons innocents.
Attache-moi avec une mèche de tes cheveux,
Un fil qui pend à l’ourlet de ta robe…
Ainsi serai-je, peut-être, un dieu,
Si je parviens à effleurer ton coeur!
Les plus grands poèmes naissent quelquefois d’un malentendu: ces vers-là, le poète les avait conçus comme les mots de la réconciliation avec une mère qui – pensait-il – l’avait délaissé enfant. Cependant, du moment où une affaire, fût-elle privée, se drapait des habits de la poésie, elle devenait publique et universelle, et c’est ce qui s’était produit: ce poème était devenu la quintessence de l’amour que, dans la culture arabe, les fils – tous les fils – portent à leur mère. »
« Le Caire à corps perdu », roman de Khaled Osman, éditions Vents d’ailleurs.