Lamma choftak

Vu hier au cinéma « Les 3 Luxembourg » لمّا شُفتك (Lamma choftak – « Lorsque je t’ai vu »), le nouveau film de la réalisatrice palestinienne Annemarie Jacir projeté en ouverture du Festival Ciné-Palestine qui se tient du 29 mai au 7 juin à Paris, Saint-Denis et Aubervilliers.

Synopsis:
1967. Des milliers de Palestiniens se réunissent afin de tenter de franchir la frontière qui les sépare de leur patrie perdue. Après avoir été séparé de son père au milieu du chaos de la guerre, Tarek, un jeune garçon curieux de onze ans et sa mère Ghaydaa se retrouvent parmi une vague de réfugiés. Guidé par le besoin de revoir son père,Tarek décide de quitter le camp…

Mon avis:
Le film se situe au lendemain de la tragédie de 1967, lorsque l’expansion de l’État d’Israël déracina une nouvelle fois des millions de Palestiniens de leurs foyers.

Cette tragédie, nous la revivons à travers le regard de Tarek, un petit garçon palestinien attachant qui vit avec sa mère dans les conditions misérables d’un camp de réfugiés. Tarek est rejeté de l’école du camp parce qu’il ne sait pas lire (il a pourtant de fabuleuses capacités de calcul), et sa mère est en butte à la convoitise des hommes sur cette femme seule qu’ils perçoivent comme une proie.

Après une fugue de Tarek, déterminé à retrouver envers et contre tout le chemin de sa maison, Ghaidaa rejoint son fils, qui a été recueilli par un groupe de fedayin, hommes et femmes issus d’horizons divers mais unis par un même idéal: la libération de leur terre. Ensemble, tous vont partager quelques jours de liberté et de communion qui vont les distraire de leur quotidien morne et, qui sait, les rapprocher de leur rêve.

Un beau film, lent et poétique, savamment mis en scène par Annemarie Jacir (la merveilleuse réalisatrice du « Sel de la mer ») et interprété par des acteurs très bien dirigés. L’histoire nous ramène loin en arrière, ce qui peut surprendre les admirateurs de son film précédent qui était très contemporain. Mais ce choix se révèle cohérent avec l’ambition du film: revisiter une tragédie trop longtemps confisquée par les discours politiques vains, et remettre au premier plan sa dimension humaine, celle de la souffrance et de l’espoir.

Projeté dans une salle comble (on a refusé du monde) en présence de la réalisatrice et de son acteur fidèle Saleh Bakri, le film augure bien de cette 1ère édition du festival, que les organisateurs se sont démenés pour mettre en place malgré le peu de soutien institutionnel.

Copyright Khaled Osman (mai 2015)

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