Quelqu’un qui comme moi se prétend passeur de cultures entre la France et l’Égypte ne peut décemment ignorer ce monument du kitsch franco-arabe qu’est le dernier tube du chanteur de chaabi égyptien Mohammed Kammah, intitulé Je ne suis pas Sawiris! (sous-entendu pas plein aux as comme l’illustre homme d’affaires).
C’est un exercice ludique autour des mots empruntés à la langue française (avec accessoirement quelques marques italiennes, un peu de consonances gréco-latines et une pirouette finale en anglais) et plus généralement à la France. Celle-ci y est décrite sur un ton mi-flatteur (le pays du bon goût et du luxe) mi-moqueur (ce luxe peut te coûter un bras mon frère).
Cela s’écoute et se regarde plutôt que cela ne se lit, ne serait-ce que pour les sonorités des mots français (prononcés assez correctement ma foi), malgré tout je vous mets ci-dessous ma petite tentative de traduction, avec les mots d’emprunt figurant *entre astérisques*:
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T’es une femme du genre *élégant*
Le matin au réveil tu manges du *croissant*
Il te faut un gars qui ait du *money*
Quelqu’un qui te garantira une existence *funny*
Qui t’emmènera en *honeymoon* à *Pari(s)*
Afin que vous y bavardiez *en françai(s)*
Quelqu’un qui soit *millionnaire* et blindé
Et qui te fasse vivre la vie dont t’as rêvé
Non non
Pour qui tu me prends espèce de *bonbon*?
Non non
Je ne suis pas Naguib Sawiris *pardon*!
T’es une fofolle fille de *diablos*
Dès que je te vois mon coeur danse des mambos
Pendant que les mecs te matent sans pitié
Car question beauté t’y es pas allée à moitié
Tout ce que tu devrais faire c’est me câliner
Au lieu de ça tes caprices vont me ruiner
Tu veux descendre de la *Bugatti*
Monter directement dans la *Maserati*
Si vraiment tu m’aimes *Mademoiselle*
Arrête d’exiger de moi du *Chanel*
Ou une voiture du dernier *modèle*
Que te dire? Que te dire
Vaz-y ma chérie vaz-y ma belle
Bon vent et *Go to hell*
© trad. Khaled Osman