Entendus en podcast, dans « Le Masque et la plume » sur France Inter, les propos de Nelly Kaprièlian (la grande prêtresse livres des Inrocks), à propos de Canada, le dernier roman de Richard Ford (florilège):
« Mais non, ça n’est pas du tout l’un des romans étrangers les plus attendus de la rentrée, en tout cas, moi je ne l’attendais pas! […] et puis c’est normal qu’il soit attendu, y avait personne en face, à part le Kasischke! […] personnellement, je me suis beaucoup ennuyée […] oui, bon, d’accord, Ford est un bon raconteur d’histoires, mais enfin, pfff, c’est pas très compliqué de bien raconter une histoire […] et puis j’ai trouvé que, contrairement aux écrivains français qui sont vaaaachement plus intéressants (sic) cette année – le Yannick Haenel par exemple -, il n’y avait aucune prise de risques! ».
Chère Nelly: Richard Ford, un des plus grands écrivains américains contemporains, doit être bien marri que son dernier roman t’ait « ennuyée », lui qui n’avait d’autre souci, en peinant sur ses 480 pages, en soignant le rythme et la construction, en se colletant par le biais d’une vraie fiction avec certains traumas de sa propre enfance, que de te divertir. Et puis, sachant que cette rentrée compte 198 romans étrangers, les 196 auteurs que tu as balayés en une phrase seront contents d’apprendre qu’ils n’étaient « personne ». D’ailleurs, au passage, ces romans ne sont pas tous américains, certains sont traduits de langues dont on pourrait penser que tu ne soupçonnes même pas l’existence tant tu n’en parles jamais. Leurs traducteurs aussi (dont je ne suis pas cette rentrée-ci) t’en sont reconnaissants.
Copyright Khaled Osman (octobre 2013)