Lu sur le site de la revue Orient XXI, le (passionnant) compte rendu de l’adaptation théâtrale donnée à Ramallah, par la troupe palestinienne al-Kasaba, du roman de Ghassan Kanafani « Des Hommes dans le soleil »* (extrait):
« La mise en scène, adaptée à une telle œuvre, est simple et dépouillée. Les accessoires sont minimaux et un élément domine : le sable, répandu sur la scène. Il transmet d’emblée le sentiment de chaleur torride ressentie sous un soleil écrasant, comme une désolation, un mirage. Les acteurs tracent l’un après l’autre leur chemin en balayant ce sable […], mais il revient toujours, disséminé à nouveau, recouvrant chacune des histoires, engloutissant les traces et la mémoire des trois personnages. On ne peut s’empêcher de penser que le sable est aussi une métaphore de l’éparpillement et de la dispersion, comme lorsque les acteurs le jettent, au début de la représentation, et qu’il retombe en pluie.
L’enfermement n’est pas rendu comme tel mais suggéré : le camion et la citerne sont évoqués par un mime, un volant dans les mains d’Abou al-Khayzaran [le chauffeur qui emmène les trois Palestiniens vers leur tragique destinée], deux rétroviseurs et une échelle (portés par divers acteurs) pour monter et descendre dans la citerne, piégeant toute la salle dans le spectacle de l’agonie. Enfin si grave soit le sujet, la mise en scène ne manque pas d’humour, qui personnifie le Chatt al-Arab [le golfe formé par la réunion du Tigre et de l’Euphrate] par un acteur en vêtements bleus, allongé sur le sol avec une radio qui bruisse et fait entendre les mouvements de l’eau, cadre de l’accord entre les quatre personnages. »
* L’occasion, en attendant une représentation de la pièce en France, de (re)lire ce magnifique roman de l’écrivain palestinien dans la remarquable traduction de Michel Seurat (éd. Sindbad-Actes Sud)
Copyright Khaled Osman (octobre 2014)