Lu sur le site électronique du Figaro, l’entretien avec Pierre Lescure (président du festival de Cannes 2015), qui se dit « heurté par […] les journalistes qui couvrent le festival » et dont certaines attaques l’ont « sidéré »:
« Trop de critiques n’écrivent que pour eux et quelques copains. On ne peut pas étaler un tel mépris, user de mots jamais assez durs pour disqualifier certains et totalement excessifs pour en louanger d’autres, vivre à ce point en circuit fermé et méconnaître la réalité dynamique du 7e art […]
Tout s’accélère. L’instantanéité aboutit à des jugements hâtifs, excessifs, définitifs. Les critiques tweetent pendant les projections. Ce qui m’inquiète dans ce barnum médiatique, c’est la disjonction entre ce qu’il montre et l’attente réelle de ceux qui aiment le cinéma. On ne leur donne pas ce qui les intéresse. »
Même si Lescure a lui-même souvent participé à ce barnum qu’il dénonce (notamment en animant « Ça balance à Paris » où les oeuvres étaient souvent descendues expéditivement), et même si les velléités de brider la critique sont toujours suspectes, je trouve qu’il a raison sur ce coup-là.
Critiquer un film en deux coups de cuiller à pot (ou plutôt en 140 lettres de tweet postées avant même la fin du générique, voire pendant le film) est un signe de mépris pour les gens qui y ont parfois investi deux, trois années de travail.
Copyright Khaled Osman (juin 2015)