Lu dans The Guardian (en anglais) un article de Rabab el-Mahdi intitulé « Comment le club de lecture que j’animais au Caire a changé ma vision » (extrait traduit en français par mes soins):
« Comme chercheure en études post-coloniales et comme femme arabe évoluant dans les cercles occidentaux, j’ai souvent dû combattre les préjugés des gens à mon sujet, et l’essentiel de mon travail de recherche a porté sur la déconstruction de ces stéréotypes.
De ce fait, je me croyais au-dessus des étiquettes, des conclusions péremptoires et des subdivisions artificielles. Jusqu’à ce que Asmaa, Awatef et Mariam, trois femmes au foyer [en fait, on comprend dans la suite de l’article que ces femmes – ou au moins l’une d’elles – portent le niqab/voile intégral], demandent à rejoindre le groupe. C’est là que j’ai été obligée de regarder en face les idées reçues que j’entretenais au plus profond de moi.
Quand les femmes sont venues à notre première réunion, j’ai cru me montrer attentionnée en leur suggérant de faire un groupe à part pour les femmes, afin qu’elles se sentent plus à l’aise. Elles ont poliment décliné ma proposition, et j’ai constaté par la suite qu’elle n’avaient aucunement besoin d’êtres mises à l’aise pour exprimer leur opinion.
Asmaa était souvent meneuse dans les discussions; Awatef avait toujours une remarque pleine d’esprit; toutes les trois apportaient des histoires de vies pleinement vécues: comment elles avaient fait du volontariat dans des camps de jeunesse, assisté à des cours, laissé leurs enfants à leur mari. J’avais supposé que leur existence et leur foyer seraient organisés en fonction d’une stricte division des rôles entre les genres, mais ils ne l’étaient pas. »
Copyright Khaled Osman (septembre 2015)