Donc, pour son film « Exodus », Ridley Scott nous propose un casting de folie [dans tous les sens du terme]: Christian Bale (Moïse), John Edgerton (Ramsès), Sigourney Weaver (Tuya) et John Turturro (Séthi), qui ont l’air de débarquer de Manhattan ou de Beverley Hills. Pas un seul Égyptien parmi les rôles principaux de ce film pourtant vaguement censé se passer en Égypte, et s’il y a des Arabes et des Africains en vue, c’est pour figurer les cohortes d’esclaves et les hordes de brigands (ou inversement).
À des critiques qui lui faisaient remarquer que ses acteurs n’avaient pas vraiment le profil physique des gens de la région, le metteur en scène a d’abord joué le type qui a réfléchi à la question: « Je sais que l’Égypte était – et est toujours – à la croisée de différentes cultures, en tant que carrefour géographique entre l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe. C’est pour ça qu’on a reflété cette diversité ethnique en prenant aussi des Espagnols, des Iraniens et des Arabes. Vous savez, on a eu beaucoup de discussions sur la meilleure façon de représenter la culture égyptienne. »
En effet, on imagine la discussion: « Salut coco, j’viens d’avoir une idée de génie! Sigourney en reine africaine – elle adore le jazz – et Turturro en Séthi – rapport à son côté barge -, qu’est-ce que t’en dis? »
Mais comme la polémique ne se dégonflait pas, Ridley Scott a fini par cracher le morceau: ce choix était dicté par des impératifs de financement du film. « Je ne peux pas monter un film avec un tel budget, et aller réclamer à l’Union Européenne des exonérations de taxes [celles-ci ont permis, grâce au tournage en Espagne, de faire passer le coût de 200 à 140 millions de $] tout en leur annonçant que mon acteur principal s’appelle Mohamed machin-chose ».
Alors écoute-moi bien Ridley: tu es certes un bon réalisateur, mais chaque fois que tu ouvres la bouche, tu aggraves ton cas. Dans mon casting à moi, je te réserve le rôle du… crétin satisfait.
Copyright Khaled Osman (décembre 2014)