Le
Caire à corps perdu
Roman de Khaled Osman, éditions Vents d'ailleurs, 2011
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"Je suis plongé depuis hier dans votre "Caire..." J'y prends un grand plaisir.
[...]
Plus je lis plus je me vois à travers le personnage. Je nous vois, nous
tous qui avons vécu ce choc du retour. Et surtout cette phrase tant
attendue [à l'aéroport]: "Men asl masri?"["D'origine égyptienne?"]
L'atmosphère est
lourde, les personnages de la "pension" tellement criants de vérité. Je
continue d'être très touché.
[...]
J'ai terminé la lecture du "Caire à corps perdu", et j'ai accompagné
"Nassi" durant toute sa randonnée égyptienne [...]. Evidemment j'ai adoré ce roman,
comment imaginer le contraire? Coïncidence, il y a deux ans j'ai aussi
publié une sorte de récit qui s'intitulait Les nuits du Caire et qui
racontait le retour aux sources d'un certain... Karim. Comme quoi, notre
attachement à l'Egypte est une maladie chronique!
Un vrai plaisir de lecture. Plus que
ça: un voyage troublant et merveilleux. Chapeau!"
Commentaires de
l'écrivain Gilbert Sinoué, livrés à l'auteur au fil de la lecture du
roman, mai 2014
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Bonjour, je vous livre
mon commentaire après avoir fini la lecture de ce livre:
Votre livre m'a beaucoup plu, vous avez une très belle écriture ciselée et
imagée qui rend la lecture très agréable.
L'histoire que vous
racontez est à mon avis carrément passionnante, à
la fois celle de Nassi qui court après sa mémoire - sans trop chercher
à la récupérer - et celle de cette Egypte entre modernité et tradition.
Vous rendez un bel hommage à
votre pays, mais sans complaisance, et vous nous donnez une photographie intéressante du
Caire, vue de l'intérieur.
Mais - et j'ai envie de dire plus que tout - vous nous donnez un magnifique texte d'amour de la
littérature, de la langue arabe,
votre travail de traducteur n'y est sans doute pas étranger. Bon,
maintenant j'attends la suite, qui est vraiment Nassi et que va t-il
faire de cette année qu'il se donne? à votre plume!
Merci beaucoup pour ce beau livre que vous nous avez donné à lire.
Avis de Françoise Hervé
sur la page Facebook consacrée au roman, 28 avril 2014
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J’ai
fini la première partie du Caire à
corps perdu, et j’aime
cette prose naturelle, humoristique et chaleureuse,
tout en me disant que les Égyptien(ne)s lui trouveraient encore
d’autres qualités fondées sur la connaissance du quotidien présent dans
le récit.
Quoi de plus naturel que de vouloir revisiter le pays dont
on est originaire et qu’on a quitté depuis plusieurs années? Pourtant,
à la douane, pour le capitaine Mounir, revenir est suspect: il inclut
le risque d’introduire des idées nouvelles dans des pratiques
anciennes, de "vouloir changer les choses"!
Le passage à la douane
est une petite comédie: on en rit après coup, une fois les tampons
obtenus, les frayeurs de l’arbitraire passées. Khaled Osman n’a pas la plume cruelle
qui griffe, elle égratigne seulement les usages, sans nuire aux
personnes. Le chauffeur de taxi se conduit comme un voleur, mais
qu’auriez-vous fait à sa place?
L’humour
et la verve permettent à l’auteur de placer son héros, devenu amnésique
dans une pension de famille: la gentillesse de la patronne, les
traditions d’accueil, et les plaisanteries étudiantes font bon ménage.
Le récit est donc chaleureux et malicieux, épicé aussi quand le
contexte le mérite.
***
Que
faut-il lire dans les journaux égyptiens? La caricature de la page
deux: elle donne la clé pour décrypter toutes les informations, c’est
la clé de voûte de "l’humour dévastateur et de l’autodérision
égyptienne":
"Les
faits divers du jour donnaient à voir des enquêtes criminelles déjà
élucidées (les autres n’avaient pas droit de cité), qui toutes
mettaient en avant le dévouement et la perspicacité des policiers
autant que l’effroyable absence de moralité des citoyens. L’objectif
était de rendre hommage aux premiers (mais les vertus qu’on leur
attribuait étaient tellement à rebours de ce qu’on leur connaissait que
plus personne n’y prêtait attention) et de dissuader les seconds (mais
comme les lecteurs se débattaient dans des difficultés considérables,
ils avaient tendance à s’identifier aux malfaiteurs davantage qu’aux
victimes, et voyaient plutôt dans ces récits un réservoir d’idées
ingénieuses).»
Voila une bonne
connivence qui me décide à aborder de bonne humeur la 2e partie !
***
Je
suis très intéressé par ce récit qui mêle des poèmes, des passages de
romans, des synopsis de films, en parallèle avec des situations du
roman. N'oublions pas que l'auteur est traducteur et au courant de la
vie culturelle égyptienne.
A la fin de l'ouvrage, les extraits sont
identifiés (ils ne peuvent l'être au cours de l'action car le
personnage est amnésique, même si des extraits d'oeuvres lui reviennent
en mémoire).
***
Khaled
Osman présente, par l’intermédiaire des savoureuses aventures de son
personnage, un panorama "légèrement critique" de l’Égypte officielle de
Moubarak, prompte à suspecter tout le monde, à l’image du capitaine
Mounir, qui hait les pousse-crayons à l’esprit torturé": "Il
avait toujours détesté la littérature, les poètes, les philosophes, les
scribouilleurs de tout poil. Et maintenant les traducteurs ! Pour qui
se prenaient-ils, ces drogmans tout juste bons à accompagner les
groupes de touristes dans leurs promenade en chameau ?".
Il
égratigne en passant les fonctionnaires qui se livrent lucrativement au
trafic de papiers, les mouchards chargés de surveiller les Égyptiens à
l’étranger [Alaa el Aswany les mentionnait dans Chicago, chez Actes
Sud], les dévots/délateurs obsédés par l’usage de l’alcool etc.
L’interdiction
de l’alcool dans l’islam, que tout le monde tient aujourd’hui pour
acquise "n’est pas toujours allée de soi", sinon ce verset du
Coran: "Tenez-vous éloignés de la prière quand
vous êtes ivres..." n'aurait
pas lieu d'être.
Au
lecteur de percevoir ces critiques, et de s’interroger à la fin du
récit sur l’identité de l’exilé par rapport à l’Égyptien résident,
comme sur celle du traducteur par rapport à l’auteur; question
pertinente pour Khaled Osman qui, dans ce premier roman je crois,
associe à son entrée personnelle en littérature, nombre d’auteurs comme
Gamal Ghitany que nous connaissons grâce à lui.
L'auteur déclare dans un entretien au quotidien El Watan:"C’est
un roman sur la quête de l’identité, avec la particularité que
cette quête s’effectue sous la double contrainte de la nécessité
et de l’urgence, puisque le personnage doit retrouver le plus vite
possible les éléments de sa personnalité, sous peine de rester dans une
indétermination douloureuse. Cette nécessité et cette urgence font que
la quête s'apparente à une enquête policière."
***
Oui, ce n’est pas une simple
promenade au Caire, mais une exploration de la condition de l’exilé,
une quête de sa vraie identité, peut-être liée à ses racines, et
au sentiment d’une appartenance à laquelle il décide d‘adhérer.
J’y vois aussi,
mais c’est ma propre optique, le
passage réussi d’un traducteur, passeur des écrits de très
grands écrivains, comme nous le savons, vers sa propre personnalité
littéraire. Khaled Osman fait, avec ce premier roman, son entrée dans
la cour des grands.
Avis de Rotko sur le site de lecture "Grain de sel", déc 2012 - jan 2013
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Je viens de terminer Le Caire à corps perdu,
et j'ai pris le temps, beaucoup de temps pour m'y perdre, accompagnée
de Nassi et tous les personnages. Cette quête résonne particulièrement
en moi.
Ne
rien dévoiler ici, si ce n'est la
délectation de la lecture, la puissance du propos, les petits cailloux
blancs, réminiscences littéraires ou filmographiques, les croisements
de chemins, de pensées, la joyeuseté absolue, et la drôlerie qui
transparaissent au delà d'une analyse sans concession, précise et
tellement humaine.
Je
le digère, ou plutôt non, je le
saisis, m'en empare, et y retournerai, souvent. Merci pour les
notes à la fin de l'ouvrage..
A lire absolument. Au risque
de se perdre...!
Merci
Khaled Osman
Avis de Christine
Claude (écrivain jeunesse) sur le blog Publishroom, 19
sep 2012
Votre livre est passionnant à plus d'un titre.
Il
donne à voir, à sentir, à comprendre un pays en même temps que son
narrateur.
De la
peur, de l'incompréhension, de la frénésie et une
forme d'empathie et d'attachement pour une ville fascinante et multiple.
La
fable, le conte y ajoutent une forme de merveilleux et de culture
sensible.
En outre, l'écriture est pleine de références littéraires
amenées sans lourdeur.
Avis de Christine Ferniot (critique
littéraire à Télérama) dans un message à l'auteur, 30 mars 2012
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Nous avons
dévoré ce livre, il y a du suspense et les anecdotes concernant la vie au
Caire sont à la fois drôles et
réalistes.
Les personnages sont attachants, en particulier
l'archiviste Raouf Effendi.
Nous sommes heureux
de vous avoir découvert. Ecrivez encore!
Avis
de Victor et Marguerite B dans un message
à l'auteur, 6 décembre 2011
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L'impression
générale que votre lecture me laisse, c'est une grande légèreté, au
sens
aérien, tout en traitant de maints sujets qui sont loin de l'être
(légers).
Le
pédopsychiatre René Diatkine, qui a longtemps travaillé sur les vertus
de la lecture pour les enfants, ce que la lecture leur permet leur
transmet, dit qu'une bonne histoire est "ronde" au sens de circulaire,
la fin rejoignant le début en une forme spiralaire (comme les vertus
espérées de la psychanalyse en somme, à la fin, être le même
autrement). Voila ce qui me vient à l'esprit en pensant à votre livre
[...]
J'aime votre
distance impliquée, à commencer par la nokta
* (j'ai enrichi mon vocabulaire arabe!) que vous pratiquez de belle
façon, et puis cette entrée sur les prénoms chargés de sens, dont vous
faites un moment délicieux et plein d'humour comme on se moque de son
trésor, jusqu'au choix du prénom de l'anonyme héros!
Le
passage de l'apprentissage de la langue arabe introduite par le choix
du livre qui en sera le vecteur est un moment émouvant, fort et juste à
mon sens.
Et puis le paradoxe de l'usage [par les Chrétiens d'Egypte] de la
croyance pharaonique ancienne pour mieux la détruire [...]
Je
ne passerai pas sous silence vos propos (tant d'actualité) sur le choix
- ou le non-choix plutôt - de l'évolution du monde, du monde oriental
en particulier, du déracinement, du clivage, de sa douleur et de ses
richesses aussi, telles que les langues et les gens qui les parlent. et
l'enfance et la famille, celle qu'on a et celle qu'on se fait, comme
dans cette pension de famille entre Escalier
C et La vie mode d'emploi.[...]
Il est très
beau ce nécessaire oubli de soi. Et même s'il ne dure pas
une année, la lecture offre cette opportunité, sans
avion/douanier/taxi, mais aussi hélas sans thé à la menthe, sans cognac
ni foul**.
[Pour conclure, je] trouve que c'est
un superbe roman dont la légèreté
de l'écriture, l'humour et l'humanité rehaussent les propos, le regard
tendre et inquiet aussi, parfois, que vous posez sur l'Egypte, le monde
arabe, le monde... Une balade géographique, littéraire et
introspective, où le particularisme renvoie à l'universel comme il est
des bons romans!!! Bref, j'ai beaucoup aimé votre livre!
Avis de Nadia
Roman (écrivain jeunesse) dans un message à
l'auteur, 28 octobre 2011
* Plaisanterie typiquement égyptienne mêlant
sarcasme et autodérision. ** Fèves marinées
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La quête d'identité du
héros du Caire à corps perdu
de Khaled Osman (Vents d'ailleurs) est encore plus radicale mais tient
aussi du conte, puisque, débarquant dans la capitale égyptienne après
de longues années passées en Europe, le narrateur est soudain frappé
d'amnésie. La patronne et les hôtes de la pension populaire où il
trouve refuge vont l'aider dans son enquête sur lui-même, au sein du
joyeux chaos de la métropole et malgré la paranoïa du pouvoir de
Moubarak. Parce que cet amnésique ne se souvient que des films, des
poèmes et des romans qu'il a aimés, ce roman illustre l'adage: "La
culture, c'est ce qui reste quand on a tout oublié".
Avis d'Elisabeth
Lesne (membre du prix littéraire de la Porte Dorée)sur
le site de la Cité nationale de l'histoire de
l'immigration, 27 septembre 2011
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Le Caire de ce roman rappelle un peu, par son
omniprésence, le rôle que jouait Bombay dans le Nocturne indien
d’Antonio Tabucchi, si ce n’est que le héros n’est pas un touriste à la
recherche d’un ami perdu mais un enfant du pays qui a décidé d’y
retourner après de longues années passées en Europe. Peu après son
arrivée, Un incident va l’obliger à partir à la recherche de lui-même.
Le thème de l’amnésie a déjà été abondamment traité en littérature,
mais il est abordé ici d’une manière assez originale: l’oubli, qui a
emporté les souvenirs les plus élémentaires du personnage principal, a
miraculeusement épargné les textes et les images qui ont marqué sa
sensibilité. C’est l’occasion de quelques très belles pages sur le goût
de la poésie, l’apprentissage de la langue et la découverte des livres
; on peut sans doute y voir également un émouvant tribut de l’auteur -
jusqu’ici traducteur littéraire - aux poètes et auteurs arabes de son
panthéon.
Le personnage principal, contraint de se lancer
dans une quête sur son identité est lui-même - sans le savoir - la
cible d’une enquête policière assez improbable, qui jette une lumière
crue sur la paranoïa d’un régime prêt à mobiliser tout son appareil
policier dès lors que quelqu’un est soupçonné de vouloir le renverser.
Ayant grandi entre deux cultures, le protagoniste porte un regard à la
fois affectueux et ironique sur les évolutions politiques, mais aussi
sociales et religieuses traversées par l’Egypte.
Au
fil de ces deux enquêtes parallèles, on plonge en immersion totale
dans
le joyeux chaos de cette mégalopole du Caire, en chantier permanent,
accablée par le gigantisme et la pollution. Mais ces fléaux sont
pourrait-on dire transcendés par la chaleur humaine qui se dégage des
personnages (mention spéciale à Sett Baheyya, la patronne de la pension
où il a été recueilli, et à Faouzi, bavard impénitent mais aussi
débrouillard jamais à court de ressources, sans parler de Raouf
Effendi, le vieux fonctionnaire à l’état-civil amoureux de ses
archives). Tous se mobilisent sans compter pour aider le protagoniste
dans sa recherche désespérée, et on tremble avec eux au gré des faux
espoirs, des déceptions et des nouvelles pistes - jusqu’au
rebondissement final plutôt inattendu.
Un
roman qui combine dépaysement total et suspense haletant - je le
conseille vivement...
Avis de Jessica sur le site de la librairie électronique Bibliosurf,
rubrique "Vous avez lu", août 2011
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J'ai parfois la chance d'assister à la naissance
d'un roman... Et c'est le cas avec Le Caire à corps perdu, de
Khaled Osman, qui va paraître aux éditions "Vents d'ailleurs". J'ai
donc vu comment ce roman s'affinait,s'affirmait, se modelait, se
peaufinait, se ciselait... Et c'est, au final, un vrai coup de coeur.
De quoi parle ce roman, en quelques mots ? On
peut dire qu'il s'agit d'un Égyptien qui retourne au Caire après des
années d'absence mais qui, à peine arrivé, perd la mémoire. Mais pas
toute la mémoire. Si son identité semble s'être effacée, il reste dans
son cerveau une mémoire intacte : celle de l'écrit, poèmes et récits
arabes qui ont bercé sa vie
Et cet homme (presque) sans mémoire va
trouver refuge dans une pension
comme on les aime: pleine de vie, truculente, avec des personnages
aussi attachants que haut en couleurs. Tous vont l'aider, à leur
manière, pour qu'il retrouve la mémoire. Mais quelle mémoire, et pour
quoi en faire ? Evidemment, c'est un résumé trop... résumé !
C'est
un très beau roman, tonique, savoureux, souvent très drôle. Il
peut se lire comme une longue
et vivifiante promenade à travers le Caire, ou comme un polar, ou comme un instantané
de vie, ou comme une réflexion
sur la mémoire et l'identité. C'est un peu tout ça qui fait sa
richesse, le tout servi par une
belle écriture. Je crois qu'il me touche aussi parce qu'il
aborde, au fond, des sujets qui me tiennent à coeur : qu'est-ce qu'une
identité? A quel pays appartient-on ? Peut-on choisir sa terre
d'accueil ? A quoi sert la mémoire ? J'aime ce livre parce qu'il est
baigné d'humour, de bonne humeur et de tendresse. En un mot, il est
plein de chaleur et d'humanité (ce qui nous fait souvent
défaut, en France, au moins dans la littérature).
Khaled Osman, l'auteur, est égyptien,
il a grandi en France. Il est traducteur de très grands auteurs
égyptiens, comme Naguib Mahfouz et Gamal Ghitany, et maintes fois
récompensé pour la qualité de ses traductions.Le Caire à corps perdu
est son premier roman.
Avis de
Cathy Ytak (écrivain, traducteur du catalan)
sur son blog, août 2011
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