Le beau Juif

Roman de Ali Al-Muqri traduit de l'arabe (Yémen) par Ola Mehanna et Khaled Osman


Une découverte pour moi, que cet écrivain Ali Al-Muqri, né en 1966 au Yémen, avec son deuxième roman Le Beau Juif.

C'est son pays qu'il nous raconte dans ce passé du XVIIè siècle, à travers une histoire d'amitié entre Fatima, fille du mufti et le jeune Salem, jeune juif, fils de Youssef al-Naccache et d'Afraa qui résident tous au village de Rayda.

Tout a commencé alors que Fatima a invité son jeune ami chez elle pour lui apprendre à lire et écrire en arabe. Elle lui a présenté les grands penseurs comme Avicienne, comme elle lui a demandé de lui apprendre à son tour à lire et écrire en hébreu. Elle a souhaité qu'il lui apprenne la loi canonique juive pour pouvoir comparer avec ce qu'elle avait lu dans les livres arabes. "Après ça, tu ne trouveras de rival à ta taille, excepté le rabbin en personne." Elle a éclaté de rire. "Vous n'êtes pas nos rivaux, à Dieu ne plaise, mais nos cousins, nos voisins et nos bien-aimés!" Cette amitié et ce partage sont sincères et brûlant d'optimisme, d'ouverture au monde de la connaissance.

Seulement tout le monde n'avait pas cette largesse d'esprit, il fut déjà bien compliqué par la suite de se revoir. Elle enfermée chez elle et lui travaillant pour son père menuisier, ils vont trouver des petites astuces pour se rencontrer, savourer la présence de l'un et de l'autre. Et ainsi l'amour va grandir entre eux, jusqu'à ce que la passion amène à devoir partir, car ils savent que jamais ne sera autorisé leur liaison, celle de la musulmane et du juif malgré le fait que les deux communautés parviennent à cohabiter.

Quand Salem à dix huit ans, ils se marient en secret et fuient à dos d'âne vers la grande ville de Sanaa au cœur de la communauté juive. Ils ne sont pas au bout de leur joie et leur peine, tout reste encore à venir avec la naissance de leur fils, Salem.

C'est un roman d'amour, poétique et profond, d'une écriture douce, l'auteur nous conte un peu le Yémen, l'histoire des relations qui existent entre ces deux religions dans ce lointain passé comme il fait écho avec les actualités d'aujourd'hui. Une tragédie qui questionne!

La religion peut être source de rapprochement comme destructrice, elle peut devenir moteur de haine hélas lorsque le message n'est absolument pas compris et totalement détourné de sa réalité.

Cécile sur le site Babelio, mai 2019



Ayant besoin de monnaie pour la machine à café – pas bien – j'ai cassé un billet de 10€ en faisant la chose la plus utile du monde: acheter un roman. Mon choix s'est tourné vers cet ouvrage qui était sur la table des nouveautés du Moyen-Orient.
Avant de découvrir ce livre à la librairie, je n'avais jamais entendu parler de l'auteur, je n'avais même jamais entendu parler d'un roman d'un auteur yéménite (et je pense ne pas être la seule dans ce cas). Le résumé me semblait de bonne augure et je ne fut pas déçue de mon choix.
Composé de quatre parties, les deux premières suivent la relation – l'amour – qui lia Salem le juif à la belle Fatima, fille du mufti. On découvre leur rencontre, leur amour grandissant et leur fuite vers la capitale dans l'espoir d'être acceptés. Ils sont beaux, ils sont jeunes et ils sont amoureux mais le monde dans lequel ils vivent ne va pas les accepter si facilement.
L'écriture d'Ali Al-Muqri est très poétique, très douce et raconter cette histoire du point de vue de Salem rends les événements beaucoup plus profonds. C'est beau et tragique, c'est une histoire d'amour qui ne tourne jamais dans le mélodrame, qui reste digne mais toujours pleine de sentiments. Je n'avais pas lu de si belle histoire depuis longtemps.


Odile sur le site Babelio, août 2015



En voilà un beau et bon livre, un roman historique, en apparence, mais dont le caractère actuel, au coeur du Moyen-Orient, est d'une troublante évidence. Ali al-Muqri, dans Le beau juif, raconte une histoire romantique et nous donne une leçon de tolérance, dans le Yémen du XVIIe siècle. Un conte oriental, cruel et suave à la fois, comme tiré des Mille et une nuits. Un amour condamné d'avance entre une musulmane et un juif dont le destin dramatique ne s'arrêtera pas à leur disparition. Leur fils sera rejeté par les deux communautés, leurs tombes feront des allers et retours entre les cimetières musulman et juif, sans que jamais elles ne puissent être réunies. L'auteur manie l'ironie et la verve caustique avec dextérité pour narrer l'absurde des situations, qui prêteraient à rire si elles n'étaient pas tragiques et symboliques d'un fanatisme sans bornes d'un côté comme de l'autre. Il y a des passages magnifiques dans Le beau juif, quand les deux amoureux apprennent mutuellement la langue de l'autre et se confient des livres sous le manteau. Le garçon juif lit le Coran en arabe, la jeune musulmane dévore les histoires juives, en hébreu, que son aimé lui transmet.
La langue d'al-Muqri est souple, légère et nous emporte sur son tapis volant. 150 pages d'enchantement.


Traversay sur le site Babelio, août 2012


Ali Al-Muqri est un conteur né, il nous transporte dans le Yémen du XVIIe siècle. Fatima, jeune musulmane s'éprend d'un bel adolescent Juif, elle va lui apprendre à lire, malheureusement cette initiative est vécue comme un trahison à la fois par les musulmans et les juifs, car la belle Fatima va l'initier à la culture musulmane et donc à l'Islam.
Tous les deux auraient pu être un exemple de paix et d'espoir pour les deux communautés, mais  cela ne se passe pas du tout comme ça , les deux jeunes gens sont rejetés par tous , même la mort ne parviendra pas à les réunir, car les cimetières respectifs n'en veulent pas non plus.
Au contraire, après une période de paix relative, les communautés s'affrontent de plus belle.
Leur enfant, né  de leur amour sincère, sera lui aussi rejeté car pour les juifs,  on est juif par sa mère et pour les musulmans,  on est musulman par son père! Ah comme l'homme aime se compliquer la vie, et préfère la guerre à la paix.
Un beau livre qui se lit facilement.

Mariech sur le site Babelio, mars 2012

 

Le beau Juif est un conte triste, écrit dans un style délicat, dans lequel l'auteur entremêle fiction et faits historiques.

L’amour entre Fatima et Salem, son beau Juif, est magnifique, traduit par des paroles poétiques et harmonieuses.

Mais le contexte ne leur est pas favorable. Les deux communautés religieuses se côtoient, en se surveillant, en s’invectivant. Tous, Juifs et Musulmans, enracinent leur identité dans la religion, non dans le sol de leur pays, non dans la littérature, le savoir et encore moins dans l’amour. La religion leur sert de marqueur de différences, leur donnant un mobile pour rejeter l’autre, mettre des barrière et, des interdits entre les populations.

A l'opposé, Fatima, musulmane croyante, tente d’aller au-delà en se fondant sur des textes islamiques, des fatwas favorables à sa situation. Salem absorbe ce savoir et se dévoue entièrement à Fatima qu’il aimera jusqu’à sa mort. Le rite de Fatima repose sur la bienveillance et la connaissance mais cette lumière se heurte à une hostilité primaire et à l'ignorance que l'on retrouve parfois de siècle en siècle.

"Le rite de Fatima" aurait pu être le titre de ce beau roman.

Marie-Laure Téna sur le blog La Solution écrite, octobre 2012