Récits de notre quartier

Roman de Naguib Mahfouz traduit de l'arabe (Egypte) par Khaled Osman

 

 

Mahfouz - Balzac ou Zola de l'Egypte ? peu importe - décrit le limon humain du Caire. Se souvenant de son enfance, de sa formation, de l'éveil des sens, il nous donne - en soixante dix huit séquences qui forment un roman allègre et alerte - un merveilleux livre. Un adolescent y découvre les contes de la cruauté : qui "fait la loi" dans le clair obscur des ruelles ? Mais aussi les contes de l'innocence : n'a-t-il pas gardé le goût des mûres ? Et entendu le Grand Cheikh invisible qui veille sur le monastère des derviches, cet îlot mystérieux de sainteté, assiégé par le tumulte et la fureur des gueux. Et bénies soient les veuves désirables qui sont providence d'adolescent!

 

 

Avec Récits de notre quartier, c'est une autre part du talent de Mahfouz qui nous est révélée et qui ajoute encore au registre connu de l'écrivain. Ici, pas de roman fleuve, pas d'intrigue durable pas de personnages omniprésents, mais un art et un bonheur de capter les incidents, les peurs, les troubles ou les merveilles du quotidien. Ici, une perception vive du réel qui n'est pas forcément réaliste, un sens aigu, chaleureux et lucide du populaire qui ne se change pas en chronique populiste.

ANDRÉ VELTER, Le Monde, 1988.

 

 

Il y a toujours quelque gageure à vouloir faire revivre ses souvenirs avec la fraîcheur - et la malice, la fausse innocence... - de ses yeux d'enfant. Pourtant, le jaillissement de la source est si pur (et la traduction presque toujours si fluide, heureuse et colorée) que Naguib Mahfouz nous donne l'illusion de l'avoir simplement recueillie.

CLAUDE MICHEL CLUNY, Le Figaro, 1988.

 

 

 

Dans chaque ville bat le coeur d'un poète. Que serait Dublin sans Joyce, Paris sans Aragon, Lisbonne sans Pessoa ? Au C aire, à tous les coins de rue, on découvre les traces de Naguib Mahfouz, le Pagnol du Nil. Dans soixante dix huit séquences de ce livre, notre Nobel 1988, remonte jusqu'à la médina de son enfance. Nostalgie, nostalgie ! Mélange de souk, de Coran et de patchouli, c'est exquis. Une poignée de gueux, des gosses en vadrouille, des matrones en chaleur et quelques derviches dansent dans la ronde du souvenir.

ANDRE CLAVEL, L'Evénement du jeudi, 1988.