L'avis de Jérôme Dejean, de la Libraire Sauramps à Montpellier Le
lancement d'une nouvelle collection, en cette période où on ne cesse de
nous répéter que tout va mal, est en soit une très bonne nouvelle.
Quand, en plus, il s'agit de donner une extension policière à la plus
que centenaire "Cosmopolite" de Stock, qui pour l'occasion se refait
une beauté, on saute au plafond!
En octobre 2012, Stock et sa prestigieuse collection "La Cosmopolite" accouchent d'une petite soeur. «"La
Cosmopolite Noire", au sein de laquelle seront publiés des polars qui
s'inspirent de réalités politiques et sociales tout en révélant de
vraies personnalités littéraires.» commente Marie-Pierre
Gracedieu, éditrice à l'origine du projet et sur le point de gagner
d'autres cieux afin de s'occuper de littérature anglo-américaine...
chez Gallimard - la nouvelle vient de tomber sur les téléscripteurs! Deux romans lancent la collection. Ils paraissent le 17 octobre, avant d'être suivis par deux autres publications en mars 2013. So much pretty de l'Américaine Cara Hoffman et Le collier de la colombe
de la Saoudienne Raja Alem. Pour les deux ouvrages, de nombreux points
communs : une narration originale,une multitude de personnages, donc de
points de vue, un lieu emblématique, Headen au nord de l'Etat de New
York et un quartier de la ville sainte de la Mekke.[...]
Le collier de la colombe est le deuxième roman de Raja Alem. Elle a obtenu en 2011, pour ce livre, le prix International du Roman arabe ("Booker"). Là encore, la
narration est virtuose, les personnages nombreux, les points de vue,
les histoires et les légendes se télescopent, s'entrechoquent, se
répondent. Une femme est retrouvée assassinée et nue, le visage
défoncé, dans un passage de La Mecque. L'inspecteur Nasser, en charge
de l'affaire, plonge dans l'existence de deux femmes portées disparues
et, surtout, dans les méandres de la ville sainte, ses ruelles, ses
échoppes, ses passages, ses lieux où les fantômes du passé se
confrontent à une modernité criante, vulgaire et brutale. La
corruption, la violence rôdent, l'enquête se complique. Le narrateur de ce roman polyphonique, c'est Abourouss, le lieu où le crime a été commis. Ce
site personnifié domine de sa présence écrasante l'ensemble du texte,
guide doublement spirituel qui parle, raconte et perd son lecteur dans
les arcanes d'une étrange histoire. Abourouss est comme Shéhérazade, la narratrice, la tisseuse des Mille et Une Nuits, il fait durer le plaisir.
Le tueur semble une hydre à plusieurs têtes, insaisissable et
ténébreuse. Les personnages vivent et meurent dans des espaces fermés,
exigus. La lumière est rare, elle est virtuelle. Mais l'auteur explore
des aspects plus inattendus de la société saoudienne. Ainsi des mails
qu'échange 'Aïcha avec son amant allemand, ou les pensées de la jeune
femme, traversées par les souvenirs de sa rencontre. Le monde qui
s'ouvre est souvent celui de l'imagination. Le collier de la colombe est un voyage spirituel à travers le temps et l'espace.
L'enquête n'est qu'un prétexte pour nous parler d'un monde au bord de
l'implosion, qui doit faire face à de profonds bouleversements.
Vous l'aurez compris, "La Cosmopolite Noire" va faire une entrée fracassante dans le microcosme du polar. Tant mieux!
sur le site de la librairie Sauramps, octobre 2012
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