© Khaled Osman,
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Présentation
Tout
d’abord, il faut saluer l’initiative de la revue meet qui, pour
son rendez-vous annuel, a choisi de faire figurer le Caire parmi ses
deux villes invitées. Dans cette mégapole frénétique qu’est la capitale
égyptienne, tout est bouillonnement, y compris la littérature... Comme
si le défi opposé par cette ville de tous les excès – trop-plein de
monde, qui n’empêche pas une hospitalité fabuleuse, trop-plein de pollution,
qui s’échine à dissimuler, sans y parvenir, les splendeurs de la cité
et de son fleuve majestueux, trop-plein de bruit, qui n’arrive pas à
recouvrir tout à fait les mélopées d’Oumm Kalsoum et les trilles du
‘oud – appelait l’inventivité créatrice.
Du fait
de ce bouillonnement, il nous a fallu, pour composer ce numéro, effectuer
des choix difficiles. Pour régler tout de suite la question des aînés,
nous avons placé en « tête d’affiche » deux écrivains qui ont déjà largement
accédé à la notoriété en Occident, Sonallah Ibrahim et Gamal Ghitany.
[Suit
une brève présentation de Sonallah Ibrahim et Gamal Ghitany]
Pour
les auteurs des générations suivantes, qui n’ont pas eu à connaître
les grands engagements politiques des années soixante, dans un monde
où rythme effréné et mondialisation n’offrent que peu de place au militantisme,
la question de la littérature s’est posée autrement. Pour l’illustrer,
notre seul parti pris consistait à retenir des écrivains qui n’ont pas
encore à leur actif d’ouvrages traduits en français, et à les choisir
selon la plus grande diversité possible.
[Suit
une brève présentation des romanciers Hamdy al-Gazzar,
Ahmad al-Aidy, Khaled al-Khamissi, Montasser al-Qaffash]
Aux
défis qui leur sont posés, plusieurs écrivains égyptiens ont choisi
de s’exprimer par la poésie. Ce choix, pourtant naturel au regard du
poids de ce mode d’expression dans l’histoire de la culture arabe, ne
laisse pas d’étonner aujourd’hui, tant il paraît s’inscrire dans un
temps détaché de la frénésie ambiante.
[Suit
une brève présentation des poètes Iman Mersal et
'Alaa Khaled]
Nous
ne voudrions pas conclure sans un remerciement et une invitation… Le
remerciement est dédié à la revue britannique Banipal, qui se
consacre depuis maintenant dix ans à faire découvrir la littérature
arabe au public anglophone et dont le travail de défrichage permanent
– on aimerait qu’il existe des revues comparables en France et dans
tous les pays d’Europe ! – nous a inspiré pour l’élaboration de ce sommaire.
Quant à l’invitation, elle s’adresse à nos éditeurs de France et de
Navarre : cette nouvelle littérature égyptienne, malgré son dynamisme,
reste insuffisamment connue ici ; ces auteurs, aussi ancrés soient-ils
dans leur pays, voire même dans leur capitale, nous offrent une facette
inattendue de l’Egypte, celle qui marie la solidité des racines avec
la volonté affichée de participer à la course du monde. A ces éditeurs,
nous disons donc: «Cette littérature est là, pleine de saveurs inédites,
n’hésitez donc pas à vous servir!»
Khaled
Osman